Pourquoi les couples divorcent de plus en plus | Slate.fr – Slate.fr

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Temps de lecture: 5 min
Cet article est publié en partenariat avec Quora, plateforme sur laquelle les internautes peuvent poser des questions et où d’autres, spécialistes du sujet, leur répondent.
La question du jour: «Pourquoi les mariages modernes échouent-ils?»
La réponse de Thomas Curtil:
Hmmm, il est peut-être plus judicieux de se poser la question dans l’autre sens: pourquoi les mariages anciens duraient-ils?
La réponse tient selon moi à la combinaison de trois facteurs:
Tout d’abord, la légalisation du divorce et les différentes lois concernant la reconnaissance des enfants hors mariage et leur droit à l’héritage.
L’impact de la légalité du divorce est assez évident quand on y réfléchit: s’il est illégal de divorcer, les gens restent mariés.
Avant la Révolution française, le mariage est un sacrement religieux. Et pour défaire ce que Dieu a fait, il faut se tourner vers un tribunal religieux.
En pratique:
Le divorce doit être approuvé à la fois par les autorités religieuses et législatives, donc ce n’est pas parce qu’on le demande qu’on l’obtiendra forcément. Par exemple, si on se plaint que sa femme a commis un adultère, il est possible que le tribunal religieux tranche en exigeant une réparation de la part de l’amant; pour autant, il n’y aura pas de divorce.
(À noter que c’est exactement le genre de décision qui a conduit au schisme de Henri VIII et à la création de l’Église anglicane.)
De plus, un divorce implique généralement une interdiction de remariage (sauf si on obtient une dérogation, souvent contre monnaie sonnante et trébuchante, évidemment).
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Oui, mais, me répondrez-vous à juste titre, la légalisation du divorce date de 1792 en France et jusqu’à la fin des années 1960, le nombre de divorces restait anecdotique.
Alors tout d’abord, l’histoire de la légalisation du divorce est un peu plus complexe. Si la première version date bien de 1792, elle a été abrogée à la Restauration en 1816 et ne fut rétablie que par la IIIe République en 1884.
Par la suite, tout le monde n’a pas la même définition d’anecdotique.
Devant le nombre élevé de divorces qui se produisirent à la suite de la loi de 1792, ses adversaires réagirent en menant campagne dans certains journaux comme Le Censeur ou L’Accusateur public. Des modifications furent apportées à la loi sur le divorce, dont l’allongement à six mois (au lieu de huit jours) du temps nécessaire entre le dernier acte de non-conciliation et la lecture du jugement de divorce.
Pour finir, il est important de noter que si la loi de 1792 était inspirée du droit romain –c’est-à-dire que le divorce pouvait être prononcé par accord mutuel ou pour simple incompatibilité d’humeur par l’une des parties–, la version de 1884 est beaucoup plus stricte: le divorce n’est possible que pour faute, et à condition d’en apporter la preuve.
Vous imaginez bien que devoir apporter la preuve publique que vous êtes cocu·e a léééééégèrement affecté l’utilisation de ce dispositif juridique.
Quelques restrictions supplémentaires seront apportées par Vichy, qui voit d’un mauvais œil le divorce («Travail, famille, patrie», après tout).
Mais la vraie révolution date de 1968.

À partir de cette date, la notion de divorce-sanction –qui cherche donc à punir le fauteur, la loi pouvant même envoyer en prison le conjoint reconnu coupable– est de plus en plus mal vue, et on cherche par tous les moyens à promouvoir le divorce-remède –qui se concentre sur le bien-être du couple et reconnaît que, parfois, les sentiments ont juste déserté sans réel coupable.
Cette évolution des mœurs sera transcrite dans le droit en 1975, sous la présidence Giscard d’Estaing: la loi n°75–617 est une réforme profonde du divorce.
Cette dernière reconnaît trois causes de divorce: la faute, toujours, mais aussi le consentement mutuel et la rupture de la vie commune.
On arrive dans la version moderne du divorce, que l’on cherche encore à simplifier (le gouvernement Fillon a proposé la déjudiciarisation du divorce par consentement mutuel, puis le gouvernement Ayrault a souhaité confier ce dernier uniquement au greffe, dans un souci de désengorgement des tribunaux).
Ajoutez à cela la suppression totale du statut d’enfant légitime en 2005 –et donc la disparition de la «motivation» au mariage, après une conception hors mariage «Ils avaient fait Pâques avant les Rameaux» pour des raisons d’héritage–, et vous obtenez une situation dans laquelle le mariage civil n’est plus qu’un accord entre deux adultes consentants!
Je parle ici de mariage civil, parce qu’il existe également un mariage religieux qui a longtemps été la norme en France.
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À la différence du mariage civil qui unit devant les hommes, le religieux unit devant Dieu. Et comme déjà évoqué, il est bien plus compliqué de défaire ce qui a été fait devant Dieu.
C’est là qu’intervient le deuxième point: la pratique religieuse en France est en chute libre sur la seconde moitié du XXe siècle, et avec elle la part des mariages religieux.

La période se caractérise également par la chute des derniers bastions de la discrimination légale des femmes en France (accord du droit de vote en 1944, du droit au travail sans autorisation du mari en 1965, abolition de la puissance paternelle au profit de l’autorité parentale en 1970…).
Ce nouveau statut de la femme comme être humain à part entière (je sais, c’est aussi ridicule à écrire qu’à lire, mais c’est la réalité) permet à de nombreuses femmes d’envisager le divorce autrement que comme une condamnation sociale à la misère.
En conclusion, si le divorce est beaucoup plus courant de nos jours, c’est essentiellement parce que par le passé, les gens ne pouvaient pas divorcer!
Avant le milieu du XXe siècle, le divorce est une procédure longue et coûteuse, socialement infamante. Le mariage n’est pas qu’un acte civil mais aussi religieux, c’est un sacrement et seul un tribunal religieux peut défaire ce que Dieu a consacré. Les femmes n’ayant pas de propriété, un divorce était synonyme d’une vie de misère et, souvent, de prostitution.
Au vu de toutes ces informations, j’ai plutôt tendance à être rassuré devant le nombre d’échecs des mariages. Après tout, est-ce que cela vous semble logique de penser que vous allez rencontrer dans les dix premières années de votre vie adulte (sur soixante-dix en moyenne) la personne parfaite? (Et une fois qu’on l’a rencontrée, la possibilité du divorce vous incite à travailler très dur pour la conserver. En tout cas, c’est l’effet que ça a eu sur moi.)
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